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Lev Ponomarev, opposant russe : « Il nous appartient de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les idées de Navalny ne soient pas assassinées avec lui »

Mes collègues et moi-même sommes convaincus que nous ne devrions pas parler de mort, mais d’assassinat. D’un crime évident qui affectera l’histoire de la Russie. Nous ne savons pas comment cela se traduira. Mais il nous appartient de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les idées et les rêves d’Alexeï Navalny ne soient pas assassinés avec lui.
Navalny avait mis au jour la corruption qui avait fait de la Russie une cleptocratie à grande échelle, un régime de voleurs et de pilleurs. Comme tous ceux qui avaient révélé le visage criminel du régime, ce dernier avait tenté de l’assassiner en l’empoisonnant. Il n’y était pas parvenu. Mais Navalny, à peine rétabli, avait choisi de l’affronter en retournant en Russie. Il savait qu’il s’exposait à des poursuites judiciaires, l’une des armes utilisées contre l’opposition politique. Il était devenu, sciemment, l’otage personnel de Poutine, comme une épine dans le pied du régime, en exposant ses crimes et sa perversité à la face du monde. Poutine voulait le dompter, Navalny s’était révélé indomptable. Pour de nombreux Russes, qu’ils partagent ou pas ses convictions politiques, il incarnait le courage.
Navalny est un héros. Dire qu’il est mort est injuste. Nous devrions dire qu’il est mort au combat, qu’il est mort en luttant contre le régime répressif de Poutine, devenu machine totalitaire.
Face à cela, Navalny incarnait l’espoir. Le fait qu’une autre Russie, après Poutine, était possible, conforme aux idéaux de liberté inscrits dans sa Constitution. Poutine a humilié la Russie, la transformant en un Etat qui détruit la liberté humaine sous toutes ses formes et en violant un par un tous les articles de la Constitution russe, notamment en s’appropriant le pouvoir et en supprimant toute opposition. Poutine doit être poursuivi en vertu de la loi fédérale. C’est un criminel d’Etat.
Dans un extrait d’un documentaire qui circule actuellement à grande échelle, Navalny a répondu à la question de savoir ce qu’il fallait faire s’il était tué. « N’abandonnez pas. Si cela se produit, cela signifie que nous sommes exceptionnellement forts en ce moment, puisqu’ils ont décidé de me tuer… »
La prophétie s’est réalisée. Il a été tué au moment où Poutine est en train de perdre catastrophiquement sa popularité avant l’élection présidentielle et qu’il en a vraiment peur. Car, malgré une propagande d’Etat digne des plus grandes heures de l’Union soviétique, nous assistons à la consolidation de l’aspiration démocratique russe par la base.
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